La porte vers le ciel dans l’église Notre-Dame

L’église Notre-Dame de Bruges est un des plus beaux édifices religieux de Bruges. Elle se remarque de loin avec sa flèche mais ne fait pas partie des incontournables lors d’une visite dans la cité médiévale. Pour les visiteurs qui pénètrent à l’intérieur, peu savent que l’église cache un curieux mécanisme permettant de représenter des scènes bibliques importantes.

Quoi de mieux pour symboliser l’épisode de l’Ascension que de voir s’élever vers le plafond de l’église des sculptures ? À l’inverse, pour Pentecôte ou l’Annonciation, voir descendre les personnages bibliques vers le commun des mortels ne serait-il pas un excellent moyen de marquer les esprits des croyants ? C’est exactement ce que permet le rare mais astucieux dispositif dissimulé dans le plafond et sous le toit de l’église Notre-Dame.

Le rond bleu au plafond est la fameuse trappe permettant les lévitations

Depuis la fin du Moyen-Âge, des trappes dans les plafonds, reliés à des mécanismes permettant de déplacer dans les airs des éléments imposants (statues, tableaux) existent çà et là en Allemagne et dans les Pays-Bas. Le mécanisme est connu sous le nom de porte du ciel (hemelgat). On y trouve souvent des décorations de guirlandes enroulées et nuages symbolisant le ciel. Les statues et les tableaux soulevés dans les airs disposaient de crochets ou des ficelles étaient accrochées pour réaliser les manipulations. La porte du ciel se trouve généralement à la croisée du transept car c’est un endroit central et bien visible pour les croyants. Pour les moins éduqués des fidèles, pour un peu qu’ils soient suffisamment éloignés ou dotés d’une vue pas très nette, l’effet devait être saisissant et proche du miracle.

Ces pratiques sont réservées à des temps forts dans l’année religieuse et pour la plupart des offices, le mécanisme n’est pas actionné et le plafond reste fermé. Pour les grands événements, au moment opportun lors de la cérémonie religieuse, de petites mains actionnent le mécanisme qui permet de faire s’élever des objets vers le ciel ou bien descendre vers l’autel.

Dans l’église Notre-Dame de Bruges, la porte du ciel est signée par son auteur et accompagnée d’une date : 1762. Cette date correspond à une époque de travaux pour l’église, comme en attestent les archives locales. En grimpant dans les combles de l’église, le mécanisme de levage avec sa roue et sa grue sont toujours là. L’église Notre-Dame a toujours des figurines en laiton faisant en 30 et 40 centimètres qui auraient pu servir lors de ces manipulations.

Aujourd’hui, la porte du ciel de l’église n’est plus utilisée et les archives ne sont pas très loquaces. Ailleurs en Europe, la pratique s’est poursuivie jusqu’au tout début du 20ème siècle.